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sur la pointe des pieds
6 août 2008

il faut beaucoup pour construire, très peu pour anéantir.

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"Quelle étrange machine que l’être humain, un assemblage de réglages, de cadrans et de signaux, dont nous ne pouvons déchiffrer qu’une petite partie. Et encore sans doute de façon très imprécise."


Je travail à l'hôpital depuis 3 jour maintenant. Le premier jour où j’ai vu les patients de mon service, j’étais à la fois intrigué, méfiante et légèrement intimidé. Je suis rentré dans le pavillon en sachant qu’ils étaient tous là pour une  « bonne » raison. Du moins, qu’ils n’étaient pas là par hasard. Il y a 18 personnes dans mon étage. 18 personnes qui circulent, mangent, dorment, vivent dans un même étage, en compagnie de tout le personnel hospitalier adaptés à chaque cas.

Parmi ces personnes il y a notamment une dame, une dame d’environ 60-70 ans  (mais cela reste difficile à déterminé car elle soufre, comme de nombreuses personnes de l’hôpital, d’une certaine déformation légère du visage). Cette dame reste couchée quasiment toute la journée. Hier, alors que je faisais chaque chambre l’une après l’autre, nettoyant les étagères, le sol et les lits vides, je m’aperçue avec une certaine surprise que la chambre n°3 n’était pas tout à fait vide… En rentrant dans la chambre, j’aperçue, une forme humaine, bien enveloppée dans un drap, duquel sortait seulement une masse importante de cheveux d’un brun cuivré. J’ai bien sûr demandé à ma chef de stage si cela était normal et après une réponse affirmative je rentrais donc dans la chambre de la patiente. Celle-ci  ne bougea pas. Elle était là, couchée, emmitoufler dans son drap, tête comprise, et n’avais même pas tourné la tête en entendant le bruit de mes clefs qui attire d’ordinaire tellement le regard. Comment peut-on vivre ainsi ? A-t-elle toujours vécu comme ça ou, et c’est peut être pire encore, l’est elle devenue petit à petit ? … Bien sûr j’aurais pu poser ces questions à ma chef. Elle m’aurait sûrement répondu quelque chose. Mais je crois que ces personnes n’ont pas besoin de la curiosité des gens, ni même leurs familles. Ils soufrent surement déjà assez. Et puis je ne pense pas que c’est des réponses précises à ces questions qui m’auraient aidé. C’était plus, que je réalisais que ces gens devaient vraiment souffrir. Et ça, ça m’a fait mal.

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 Au bout de quelques minutes alors que j’étais dos à elle, de l’autre coté de la pièce, frottant une tache de sirop sur une table de chevet, toujours dans mes pensées,  je jette à nouveau un coup d’œil vers le lit. Et là je m’aperçois que la forme que je distinguais dans sous les draps me regarde. Elle me fixe avec des yeux grands ouverts, à moitié assise dans son lit, avec un air à la fois inquiet et inquiétant.

Je me  la rassure : « bonjour madame, je viens juste pour nettoyer votre chambre… je ne vous dérange pas longtemps… »et reçois  un ‘ grognement’    en réponse.  Elle me lance alors fortement et sans vraiment articulé qu’elle ne veut pas sortir. Je la rassure, je lui dis qu’elle n’a pas à s’inquiéter, qu’elle peut rester couché ; je fais la chambre rapidement, toujours scrutée par son hôte et je sors en lui souhaitant une bonne journée.

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Mais ce matin, alors que j’arrive pour prendre mon service à 8h, je passe devant la chambre et à ma grande surprise, la femme de la chambre 3 est assise au fond de son lit, enserrant ses genoux avec ses mains, et son regard qui était jusque là perdu dans le vide avec toujours cet air si inquiétant, ce regard là change brusquement. Elle me regarde. Et comble de l’étrange, lorsque je lui dis bonjour, elle me sourit, et me répond gentiment, toujours avec des yeux grand ouvert : bonjour mademoiselle.

« Eh bien… tu es une privilégié.. » m’a alors doucement lancé une infirmière qui assistait à la même scène que moi.

Comme quoi… Ils ont peut être juste besoin qu’on les traite gentiment avec respect… Quand je pense que je n’étais pas tranquil … Pour quelqu'un qui pensait ne pas trop se fier aux apparences … je suis mal partie…

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